Climat, culture et rythme : deux “vignes”, deux vies
Sur caillottes : éclat, nervosité, rapidité
Sur caillottes, la vigne a faim et soif. Le sol étant peu profond et caillouteux, la racine plonge vite pour chercher l’humidité des poches de marne coincées entre les galets calcaires. Le cycle de maturation est rapide : la vigne démarre plus tôt au printemps, les raisins véhiculent une acidité tranchante, des arômes vifs, une tension que l’on retrouve dès la première gorgée. Les rendements, selon les années, oscillent souvent entre 45 et 55 hl/ha. Cela pousse les vignerons à anticiper les dates de vendange : parfois une semaine d’écart entre caillottes et terres blanches, même au sein d’un même village.
Anecdote de terrain : “Le printemps 2022, brûlant et sec, a vu certaines vignes sur caillottes boucler leur maturité avec dix jours d’avance par rapport à celles des terres blanches — un décalage jamais vu depuis au moins deux décennies.”
Sur terres blanches : profondeur, rétention, maturité lente
Sur terres blanches, le jeu est tout autre. L’argile donne de la réserve : après une pluie, on sent sous le pied la lourdeur, comme si la vigne buvait à grandes lampées. Ce sol retient mieux les minéraux mais ralentit la maturation. Typiquement, les vendanges s'étendent plus tard. Ici, le stress hydrique est plus rare, même lors des étés extrêmes (on le constate encore lors de la canicule de 2022, où certaines parcelles de terres blanches affichaient fièrement leur feuillage vert quand les caillottes, elles, paraissaient grisées, lasses).
Chiffre marquant : Sur Sancerre, les terres blanches couvrent environ 40% de l’aire d’appellation, tandis que les caillottes avoisinent 35% (source : InterLoire).