Le dialogue vivant entre sol, vigne et vigneron
Ce qui rend la spécificité géologique du Sancerrois palpable, ce n’est pas seulement la composition des sols, mais la façon dont chaque vigneron s’en empare. Ici, le raisin d’une même parcelle, vinifié séparément d’un autre à quelques mètres, sur un sol de nature différente, livrera un vin radicalement distinct.
Cette diversité inspire une culture de la précision, de l’assemblage au millimètre, mais aussi de la micro-parcellaire, qui gagne du terrain depuis les années 2000. Des domaines comme Alphonse Mellot, Henri Bourgeois ou François Cotat, pour n’en citer que quelques-uns, jouent sur la pureté du silex, l’onctuosité des terres blanches, ou la tonicité des caillottes. Certains vignerons isolent même des cuvées “Silex”, “Terres blanches”, ou “Caillottes” pour mieux exprimer le sous-sol.
Le savoir-faire, transmis de génération en génération, ajuste la taille, la conduite de la vigne, la date de vendange selon la typologie du sol. Les terres blanches exigent patience et tact, là où les caillottes permettent une prise de risque pour gagner en fruité. Sur le silex, il faut écouter la terre : la sécheresse est redoutée, l’humidité, précieuse.
Reste la part du climat, l’allié ou l’ennemi invisible du terroir. Le réchauffement des dernières décennies favorise parfois l’expression des caillottes et du silex, qui supportent mieux de longues sécheresses que les argiles lourdes des terres blanches.
- Sur les 300 domaines recensés en Sancerre (source : www.sancerre-vins.com), une trentaine vinifient aujourd’hui des cuvées sur une seule typologie de sol, une démarche minoritaire mais croissante.