Quand la maturité prend son temps : chronomètre ou boussole du sol ?
Les dates de maturité varient d’un millésime à l’autre, mais la signature du sol, elle, s’invite chaque année. Par exemple, sur Verdigny, les vignes de caillottes atteignent en moyenne leur maturité phénolique 4 à 6 jours après celles élevées sur argiles, selon une synthèse 2019-2022 réalisée par la Chambre d’Agriculture du Cher – c’est ce que les vignerons appellent “garder le grain”.
Mais cette maturité n’est pas qu’échéance calendaire : elle signe aussi un mode d’expression, un rythme interne, imprimé dès la floraison. Sur caillotte, la vigne développe moins de feuilles (densité foliaire faible) et produit un raisin plus petit, à la pellicule robuste. Sur argile, la croissance peut se prolonger, ce qui tend à allonger la phase de maturation, créer de beaux volumes mais aussi, parfois, une dilution accrue s’accompagnant d’acidité plus faible (comme observé par le réseau Ecophyto — Terroir et Vigne, 2020).
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Sol séchant : Aromatiques concentrés, acidité renforcée, expression tendue.
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Sol humide : Volume harmonieux mais risque de dilution, maturité plus rapide.
Le jeu n’est donc pas dans la vitesse, mais dans la finesse de l’équilibre obtenu. Certains vignerons vont même jusqu’à adapter leur passage lors des vendanges : revenir sur les terroirs plus profonds pour ramasser d’abord, puis finir sur les pentes pierreuses qui mettent plus de temps à “finir” leur sucre et leur phénolique.